J’ai fait mon premier stage de licence dans l’équipe réseaux du laboratoire avec Pascal Mérindol. Suite à une discussion que j’ai eu avec lui lors d’un cours, le sujet de thèse m’ayant particulièrement intéressé, je suis arrivé à ICube, bien que ça n’ait absolument aucun rapport avec ce que je fais aujourd’hui !
Mes travaux de thèse consistent à améliorer la sécurité des réseaux qui opèrent dans l’Internet. Internet est un réseau de réseaux où la connectivité est assurée par un protocole du nom de BGP. Malheureusement BGP présente de nombreuses failles de sécurité, et nos travaux consistent à développer des systèmes permettant aux acteurs d’Internet de mieux comprendre BGP, leur permettant d’assurer une meilleure résilience de leur réseau.
Le problème à l’heure actuelle est le volume de données BGP qu’il est nécessaire d’analyser pour détecter des anomalies BGP. Ceci limite l’efficacité des systèmes de surveillance actuels. La question principale de ma thèse est : quelle est la portion de données BGP la plus importante, celle sur laquelle nous devons nous concentrer pour détecter le maximum d’anomalies de manière efficace.
Il n’y a pas vraiment de livre à proprement parler qui soient une référence dans notre domaine, mais plutôt des articles scientifiques très populaires auprès de la communauté, quelques exemples :
Le moment le plus fort de ma thèse à été l’acceptation de mon article à la conférence SIGCOMM, considérée comme le graal absolu dans notre communauté de recherche. Non seulement l’article a été accepté, mais il a également reçu le prix du ‘best paper award’ qui est l’une si ce n’est la plus haute distinction que l’on puisse obtenir dans notre domaine de recherche.
Un autre moment a été la visite de 4 mois que j’ai faite à l’université de San Diego où j’ai pu observer et travailler avec des grandes pontes de notre domaine de recherche (Kimberley C. Claffy). Ceci m’a permis d’enrichir ma vision de la recherche en voyant comment les choses fonctionnent dans une des meilleures université américaine (en tout cas en recherche en réseaux !).
Les défis principaux que j’ai pu rencontrer au cours de ma thèse concernent principalement la publication de mes travaux. Je n’ai jamais eu trop de mal à trouver un sujet de recherche (en grande partie grâce à mes encadrants), en revanche les faire accepter dans une grande conférence a été bien plus complexe (c’est pour cette raison d’ailleurs que je pense que les thèses de 3 ans sont trop courtes !). Mes travaux se sont fait rejeter de ces conférences un nombre substantiel de fois avant d’être finalement accepté. J’ai surmonté ces difficultés en faisant preuve de persévérance. J’ai également fait preuve d’écoute sur les commentaires des différents reviewers, ce qui a permis d’améliorer mes travaux petit à petit.
Mes encadrants de thèse ont joué un rôle crucial dans ma progression et mes résultats au cours de ma thèse. Il va sans dire que sans eux et leur soutien, je n’aurais jamais obtenu les résultats que j’ai obtenu lors de ma thèse. Il en va de même pour mes autres collaborateurs (ceux de UC San Diego essentiellement) qui m’ont beaucoup apporté et m’ont permis de m’améliorer sur divers aspects du travail de chercheur.
La chose qui me passionne le plus dans la recherche est le développement de systèmes permettant d’améliorer des choses existantes. Ce que j’aime le plus c’est partir d’une idée abstraite et à force de travail, aboutir sur un système fonctionnel qui permet de résoudre un problème opérationnel concret.
L’idée est de valoriser de manière industrielle les travaux effectués lors de ma thèse. Nous sommes actuellement en phase de prématuration avec la SATT conectus jusqu’en mars prochain. Nous allons décider des prochaines étapes au fur et à mesure !
Pour l’instant l’objectif est de développer un système « production ready » qui implémentera les différents travaux réalisés lors de ma thèse.
Avec l’avènement des technologies d’intelligence artificielle type chatGPT, je pense que le domaine des réseaux va aller vers de plus en plus d’automatisation basé sur l’IA. Je pense que pas mal d’avancées peuvent être faites dans notre domaine en utilisant l’IA pour faciliter le travail des opérateurs réseaux. Je pense néanmoins que les limites de l’IA font qu’il sera toujours nécessaire d’avoir des experts en réseaux !
Le conseil principal que je peux donner aux doctorants qui débutent c’est de tester les systèmes existants qui résolvent les problèmes auxquels ils s’attaquent, afin de comprendre au mieux leurs limitations et d’avoir plus d’idées sur la façon dont ces systèmes peuvent être améliorés (même si je ne sais pas trop si ça peut s’appliquer à tous les domaines de recherche du fait de la durée très limitée des thèses !). Aussi je pense que si vous êtes persuadé du potentiel de votre sujet, ne laissez pas d’autres vous démotiver. Persévérez et ça finira par passer, ce qui ne veut pas dire qu’il faut être hermétique aux critiques constructives.
Le plus important pour un doctorant c’est de s’intéresser à plein de choses, certains systèmes existants dans certains domaines de recherche pouvant s’appliquer à un autre. Aussi, quelque chose de très important selon moi est d’être passionné par son sujet de recherche, si vous n’êtes pas convaincu par votre sujet, vous n’arriverez pas à convaincre les autres !
Vers la fin de ma thèse, nous nous sommes rendu compte du potentiel commercial de nos contributions. Mature Your PhD était donc une bonne porte d’entrée vers le monde de l’entreprenariat.
Ce prix représente une opportunité pour moi d’en apprendre davantage sur le monde de l’entreprenariat, auquel nous sommes complètement étrangers pour le moment !
Je pense que l’aspect « cybersécurité » du projet a été apprécié par le jury. Le jury semble également avoir apprécié l’aspect communication scientifique qui permettait à des non-initiés de comprendre le sujet.
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