Le projet STRAD : quand un drone explore le street art

Lors de sa 11^ème édition (27 mai – 29 juin 2025), le Street Art Fest Grenoble-Alpes a présenté une réalisation inédite : une fresque murale peinte par un drone autonome, en collaboration avec le graffeur Kan. Achevée le 24 juillet et commencé le 25 juin  sur le mur d’un bâtiment du CROUS  à Grenoble, l’œuvre mesure environ 10 mètres de haut et comporte plus de 35 000 points de peinture, appliqués selon une technique de pointillisme robotisé. Cette création originale de Kan a été possible grâce au projet de recherche STRAD (STReet Art Drone), financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR).

Une recherche à la croisée des disciplines

Lancé en décembre 2021, le projet STRAD est coordonné par le laboratoire ICube et piloté par Jacques Gangloff, professeur des universités de l’Université de Strasbourg. Il repose sur les travaux de thèse d’Ethan Niddam, doctorant financé par le projet, et codirigé par Ahmad Hably, maître de conférences à l’Université de Grenoble et Jacques Gangloff. Sa recherche porte sur la conception et le pilotage d’un drone capable de porter un marqueur et de réaliser des gestes précis au voisinage d’une surface verticale.

Après deux années à Strasbourg, Ethan Niddam termine sa thèse au Gipsa-lab — un laboratoire mixte CNRS, Grenoble INP-UGA et Université Grenoble Alpes — où se poursuivent les développements expérimentaux. Il y collabore étroitement avec Miguel Arpa Perozo, ingénieur de recherche recruté dans le cadre de STRAD. Ils bénéficient également du soutien des ingénieurs du Gipsa-lab : Pierre Susbielle, Jonathan Dumon, Amaury Nègre et Alexis Offermann.

Un drone unique au service de la recherche et de l’art

Le système développé repose sur un drone à huit propulseurs, capable de se déplacer et de se stabiliser avec précision à proximité d’une paroi. Il est équipé de capteurs de distance, qui permettent d’ajuster à la fois sa position et l’angle du marqueur au moment de l’application. La localisation est assurée par une station totale, utilisée sur le terrain pour garantir une précision adaptée aux contraintes du geste. L’ensemble est piloté en temps réel grâce à Simulink Embedded Coder, un logiciel utilisé par les chercheurs pour programmer le drone et coordonner la navigation, la stabilisation et le mouvement du bras.

Fruit d’un long travail de recherche et de tests, sa mise en œuvre sur le mur s’est déroulée sans le moindre bug : une réussite à saluer.

Une œuvre originale signée Kan

La fresque réalisée par le drone est une création du graffeur Kan, pensée comme un hommage personnel à sa fille. Artiste reconnu sur la scène internationale du street art, il développe depuis plusieurs années un style caractéristique fondé sur le pointillisme, évoquant à la fois le pixel numérique et les codes du graffiti traditionnel.
Dès les premières phases du projet, Kan a collaboré avec l’équipe scientifique. Celle-ci a développé et calibré le drone pour reproduire au plus juste le style pointilliste de l’artiste. Ce travail commun a permis de créer une œuvre inédite, fidèle à la vision de Kan et portée par une technologie innovante.

Des partenaires engagés

Cette réalisation doit beaucoup à l’engagement de nombreux acteurs scientifiques, culturels et industriels. Elle s’inscrit dans le Street Art Fest Grenoble-Alpes, organisé par Spacejunk, centre d’art urbain dirigé par Jérôme Catz. Depuis 2015, ce festival est devenu un rendez-vous majeur en Europe, transformant Grenoble en une galerie à ciel ouvert et accueillant chaque année de nombreux artistes internationaux.

Le projet STRAD n’aurait pas vu le jour sans la collaboration du laboratoire ICube, en partenariat avec le Gipsa-lab, l’entreprise Polyvionics — spécialisée en commande de vol et dirigée par Stéphane Querry, ancien doctorant d’ICube — et Spacejunk.

Merci à toutes les équipes dont le travail et l’énergie ont rendu cette aventure possible. En mêlant art, science et innovation, ce projet ouvre de nouvelles perspectives à l’intersection de la technologie et de la création.