[Savoir(s) 47] Un allié pour décupler les potentiels en R&D - D. Cavallucci (éq. CSIP)

© Catherine Schröder, photothèque ICube

Le dernier numéro N° 47 de décembre de Savoir(s), le magazine d'information de l'Université de Strasbourg, est consacré à l'IA : aux frontières de l’intelligence ?

Ce dernier est consultable en ligne via ce LIEN et en téléchargement ICI. De nombreux chercheurs du laboratoire y sont mis en avant.
Denis Cavallucci, professeur à l'INSA Strasbourg, chercheur à ICube et directeur de la chaire industrielle en R&D assistée par IA parle des objectifs de sa chaire (p42. - article rédigé par Fanny Cygan).

Un allié pour décupler les potentiels en R&D

Dans un contexte de forte concurrence, l’IA est perçue comme une fantastique opportunité pour améliorer la recherche d’innovation dans l’industrie. C’est à ce besoin que répond la chaire dirigée par Denis Cavallucci, professeur à l’Institut national des sciences appliquées (Insa) Strasbourg : un lieu où sont inventés les futurs outils pour accompagner les équipes de R&D dans leur processus d’innovation, renforcé par l’IA.

« Quand on est face à un problème, on peut réfléchir seul ou en équipe et vite atteindre les limites de ce qu’on sait. L’intelligence artificielle devient alors un allié pour décupler ses potentiels. C’est dans cet objectif que j’ai créé la chaire industrielle en R&D assistée par intelligence artificielle (Artificial Intelligence Augmented R&D - Aiard) à l’Insa en 2020 », relate Denis Cavallucci. La chaire repose sur une équipe d’une dizaine de chercheurs, de thésards et de data scientists dont le but est de créer de nouveaux outils au service de l’invention.

« Pour l’heure, aucun outil de la R&D n’est capable d’accompagner efficacement les équipes dans leur activité d’invention. Dans l’industrie, le brainstorming est toujours la norme », abonde le chercheur. La solution développée par les équipes de la chaire est accessible aux entreprises partenaires. Elle connecte la méthodologie d’invention Triz pour Théorie de résolution des problèmes inventifs (voir encadré) aux avancées de l’IA, permettant ainsi de révéler de nouveaux champs d’innovation. Depuis sa création, l’intérêt des industriels ne s’est pas démenti.

La richesse des bases de données composées de texte n’est plus à démontrer

De longue date, Denis Cavallucci est convaincu que les ressources textuelles constituent une mine d’informations inexploitée. « À l’époque, je faisais figure d’original, personne n’était prêt à parier sur le fait qu’on puisse trouver des relais d’innovation dans les textes », relate-t-il. Aujourd’hui, avec l’avènement de ChatGPT et autres IA génératives reposant sur les large langage model, la richesse des bases de données composées de texte n’est plus à démontrer. « Quand on est face à une question émergente dans un domaine industriel, il y a fort à parier qu’un problème similaire a été résolu dans une autre discipline dont on peut s’inspirer pour trouver la solution », argumente-t-il. C’est sur ce principe que repose l’outil développé par l’équipe de la chaire. « Au niveau planétaire, nous faisons face à des problèmes de taille : nourrir la planète, soigner le bilan carbone, régler le problème de l’hydrogène, etc. Ne nous passons pas de l’IA pour répondre àces questions ! »

Denis Cavallucci oeuvre depuis des années à former les étudiants de diverses composantes de l’Université de Strasbourg sur ce sujet. La plateforme qu’il a contribué à créer est accessible aux partenaires industriels mais aussi librement dans un objectif d’enseignement. Quant aux détracteurs qui agitent la menace d’une forme de concurrence entre intelligence artificielle et intelligence humaine, Denis Cavallucci balaie la question d’un revers de main. « Si l’IA nous aide à résoudre certains problèmes, pourquoi nous en passer ? D’autres plus complexes vont arriver, et il faut nous préparer à être encore plus performants », conclut-il.

Fanny Cygan

Strasbourg, championne de la Triz

On compte près de 150 équipes de recherche travaillant sur le sujet dans le monde. Le groupe de chercheurs autour de Denis Cavallucci officie dans l’équipe Conception, système d’information et processus inventifs (CSIP) au sein du laboratoire ICube. Elle est internationalement reconnue dans ce domaine et occupe la deuxième place mondiale en matière de publication scientifique.
C’est la raison qui a motivé la venue de Dong-Seob Jang, vice président de la société Samsung pour une intervention lors de la Triz future conference organisée en 2018 à l’Insa.

Triz, une méthode au service de l’invention

La méthode Triz est une Théorie de résolution des problèmes inventifs élaborée par l'ingénieur soviétique Genrich Altschuller. Elle est largement plébiscitée dans l’industrie, notamment chez le géant coréen Samsung qui en a fait le centre de sa
stratégie d’innovation. La première année où elle a été testée, la société aurait déposé 50 brevets et réalisé une économie de 100 millions d’euro