Interview d'Emmanuel Martins Seromenho, doctorant lauréat de Mature your PhD 2024

Dans cette interview, Emmanuel Martins Seromenho, doctorant et membre de l’équipe IPP (Instrumentation et Procédés Photoniques) au Laboratoire ICube Strasbourg, revient sur sa thèse dédiée à la tomographie optique et élastique des tissus biologiques in vivo.

Il est aussi l’heureux lauréat du challenge Mature your PhD 2024 qui encourage les projets de thèse prometteurs et innovants dans le domaine de la recherche médicale et numérique.

Comment êtes-vous arrivés à ICube ?     

Mon arrivée à ICube découle d’une opportunité saisie à la suite de mon stage de Master 2. J’ai découvert une offre de thèse publiée par le Dr Amir Nahas, mon futur encadrant, qui avait lui-même effectué sa thèse à l’Institut Langevin, là où je réalisais mon stage. Séduit par le sujet proposé, j’ai postulé et passé un premier entretien en visioconférence, suivi d’un second entretien en présentiel à Strasbourg, sur le site de l’Institut de Physique Biologique. Cette visite m’a permis de découvrir les installations et de confirmer ma décision : ICube était l’endroit idéal pour entreprendre ma thèse de doctorat.

Pouvez-vous nous parler de votre sujet de thèse et de ce qui vous a motivé/conduit à le choisir ?

Ma thèse avait pour objectif de développer un système d’imagerie optique nommé OCT plein champ (FF-OCT), capable de fonctionner en temps réel et in vivo. À l’origine, le système présentait une limitation majeure : il était restreint aux applications ex vivo. Mon premier défi a donc été de surmonter ce verrou technologique en trouvant une solution innovante.

Une fois cette étape franchie, j’ai intégré une modalité d’élastographie au système. Le contraste élastographique, qui permet de quantifier la rigidité des tissus, est particulièrement adapté aux conditions in vivo et constitue une avancée clé pour explorer les propriétés biomécaniques des tissus sur plusieurs décades.

Mon intérêt pour ce sujet est né lors de mon stage de Master 2 à l’Institut Langevin, où j’ai découvert ma passion pour l’imagerie optique appliquée au biomédical. L’offre de thèse proposée par le Dr Amir Nahas représentait une opportunité unique de relever des défis technologiques tout en développant des applications cliniques concrètes.

Quels moments de votre thèse vous ont particulièrement inspiré ou marqué personnellement ? 

Les moments qui m’ont le plus marqué lors de ma thèse sont les nombreuses conférences scientifiques, tant nationales qu’internationales, auxquelles j’ai participé au cours de ces trois dernières années. Ces événements ont été une opportunité précieuse de partager mes avancées et découvertes avec la communauté scientifique, mais aussi de recevoir des retours et des conseils constructifs. Ces échanges ont été extrêmement enrichissants, tant sur le plan scientifique que personnel.

Quel rôle ont joué vos directeurs de thèse, vos collègues ou vos collaborations dans la réussite de vos recherches ? Comment ces partenariats ont-ils enrichi votre travail ?

Mes directeurs de thèse ont joué un rôle central dans la réussite de mes recherches. Leurs conseils, leur expertise et leur vision scientifique ont été essentiels pour orienter mes travaux et surmonter les défis techniques rencontrés. Ils m’ont également donné une grande autonomie, ce qui m’a permis de développer mes propres idées tout en bénéficiant de leur soutien.

Mes collègues et les collaborations au sein du laboratoire ICube ont également été d’une grande richesse. Les échanges réguliers avec des experts dans des domaines complémentaires ont apporté des perspectives nouvelles à mon projet. Par ailleurs, les discussions informelles avec mes pairs ont souvent mené à des idées créatives ou des solutions innovantes.

Enfin, les collaborations externes, qu’il s’agisse de chirurgiens ou d’autres partenaires scientifiques, ont été particulièrement précieuses. Elles m’ont permis de confronter mon travail à des besoins cliniques réels et d’adapter mes recherches à des applications concrètes. Ces partenariats ont non seulement enrichi mon projet, mais aussi renforcé ma conviction sur l’importance du travail d’équipe en recherche.

Quelles sont les prochaines étapes de vos recherches, et quels objectifs souhaitez-vous atteindre à court ou long terme ?

À court terme, je souhaite poursuivre le développement et la valorisation des technologies issues de ma thèse, notamment le système FF-OCT temps réel et in vivo couplé à l’élastographie. Mon objectif est de les adapter davantage aux besoins cliniques, en particulier pour des interventions mini-invasives. 

À long terme, je vise à transférer ces innovations vers des applications concrètes grâce à la création d’une startup. Ce projet permettra non seulement de continuer à améliorer ces outils, mais aussi de faciliter leur adoption dans le domaine médical. Mon ambition est d’apporter des solutions technologiques qui répondent aux besoins des chirurgiens et des patients, tout en contribuant à l’avancée de l’imagerie biomédicale.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes chercheurs ou aux étudiants en doctorat ?

Je leur dirais de rester curieux et passionnés, car la recherche est avant tout une aventure faite de découvertes et d’apprentissage constant. La thèse est une période exigeante, avec ses hauts et ses bas, mais chaque défi surmonté vous fait grandir, tant sur le plan scientifique que personnel.

Je conseille aussi de ne pas hésiter à demander de l’aide ou des conseils, que ce soit à vos encadrants, à vos collègues ou même à des experts extérieurs. La recherche est un travail d’équipe, et les échanges peuvent souvent mener à des idées nouvelles ou à des solutions inattendues.

Enfin, il est important de prendre soin de son équilibre personnel. Un doctorat est un marathon, pas un sprint. Il faut savoir s’accorder du temps pour soi, pour réfléchir et pour se ressourcer, afin de maintenir une perspective claire sur ses objectifs à long terme.

Quelles qualités pensez-vous qu’un doctorant doit cultiver pour réussir dans la recherche ?

Pour réussir dans la recherche, un doctorant doit avant tout cultiver la persévérance. La science est souvent jalonnée d’échecs et d’obstacles, mais chaque difficulté surmontée constitue une opportunité d’apprentissage.

La curiosité est également essentielle. C’est elle qui pousse à poser les bonnes questions, à explorer de nouvelles idées et à remettre en question les acquis. En recherche, être curieux permet de rester ouvert aux découvertes inattendues.

L’autonomie est une autre qualité clé. Un doctorant doit apprendre à gérer son projet, à prendre des décisions et à proposer ses propres solutions, tout en s’appuyant sur les conseils de ses encadrants et collaborateurs.

Enfin, la capacité à collaborer et à communiquer est cruciale. La recherche est rarement un effort solitaire : savoir travailler en équipe, échanger des idées et présenter ses résultats clairement sont des compétences indispensables pour évoluer dans ce domaine.

Comment avez-vous décidé de participer à Mature Your PhD ?

J’ai décidé de participer à Mature Your PhD après avoir réalisé que les résultats de ma thèse avaient un réel potentiel pour des applications cliniques concrètes. Ce programme représentait une opportunité unique de transformer mes travaux en un projet entrepreneurial structuré.

L’accompagnement proposé, notamment pour explorer la viabilité économique et identifier les besoins des utilisateurs finaux, correspondait parfaitement à mes objectifs. J’y ai vu une chance de sortir du cadre purement académique pour ouvrir de nouvelles perspectives à mes recherches et maximiser leur impact.